Madame Tonantzin

Henry
Deletra Hanna

Madame Tonantzin

03.03 — 25.03.17
Vernissage: 

jeudi 2 mars - 18h

Madame Tonantzin,

Les arbres et les cailloux ne sont que des humains habillés différemment.

 

Dans la culture chamanique, une prière importante prend naissance dans la tribu des Lakota au nord de l'Amérique. Au fil du temps, elle voyage et se transmet jusqu'à se faire adopter par des peuples autochtones sur tout le continent. Cette prière porte le nom de Mitákuye Oyás'iŋ et pourrait se traduire par « à toutes mes relations » ou « tout est relié ». Elle est le témoin d'une pensée dans laquelle chaque élément du monde est inter-connecté et inter-dépendant, des atomes imperceptibles aux planètes et aux galaxies, tous les êtres et toutes les choses.

En tant qu'êtres humains, nous nous montrons respectueux et attentionnés envers notre famille et nos amis, pour la plupart, nous le sommes même envers les inconnus qui croisent notre route. Mais si nous décidions d'étendre ces relations de respect, d’empathie et de soin ? Si nous décidions de les appliquer à l'eau, aux aliments, aux animaux, au sel ? Au coeur de l'exposition de Henry Deletra Hanna à Halle Nord, la question se pose interrogeant la relation que nous entretenons avec l'univers. 

Après avoir raconté le désastre du monde* Henry Deletra Hanna questionne aujourd'hui -peut être comme en quête d'une réponse- la relation qui existe entre Nature et Culture. Il s'intéresse à la tension et à l'imbrication que les peuples primitifs conçoivent entre les deux notions aussi bien qu'à la séparation que nous, européens, avons construite et exportée dans le monde entier. Une séparation entre humain et non humain, entre nous et « ça » qui, bien des fois, comme a pu le montrer la série égo, nous aura menés au bord du gouffre. Henry Deletra Hanna raconte le monde. Mais à ce monde que l'on voit et que l'on partage, tangible, carré, aux couleurs fixes et aux lois physiques claires, Henry Deletra Hanna, parfois, superpose un monde onirique plus étrange. Un monde courbe et kaléidoscopique qui réunit tous les éléments de l'univers sur un même plan – comme dans un sandwich ou un totem. Un monde où une raie manta côtoie les constellations du zodiaque et où les serpents se font palmiers à deux têtes. Dans And them look back ...Tout n'est pas aussi simple.

Peintures, dessins, photographies, vidéos, céramiques, méthodes anthropologiques, interviews ou quêtes chamaniques, Henry Deletra Hanna développe une recherche aussi multiple que l'est le sujet étudié. Il est de ces artistes sur lesquels on n'a pas prise, capables de changer de médiums et de technique selon l'idée et le sujet pour que l'œuvre nous parle au plus juste. [Car ne nous y trompons pas, chez lui, ce sont avant tout les œuvres qui nous regardent et nous interrogent et non l'inverse.] La suppression des hiérarchies techniques et des cloisonnements artistiques est le reflet de la décatégorisation universelle à laquelle il tend, à laquelle il nous invite. Que l'on soit spirituel ou non, religieux ou non, c'est avant tout pour l'artiste une question de bon sens, d'éviter peut-être l'auto-destruction.

Roxane Bovet, 2017

 

*entretien avec Fabrice Stroun, 2009

 

Avec le soutien de la Ville de Genève

 

La vidéo de l'exposition "Abuelo Cuéntame" est visible ICI.

 

Horaires: 

mardi - samedi : 14h / 18h