Capsule 2.81

Miko
Revereza

Capsule 2.81

07.10 — 29.10.22
Vernissage: 

Jedui 6 octobre dès 16h

Distancing, 2019

10’, sonore

 

« Comment un cinéaste documentaire sans-papiers (undocumented) peut-il se documenter lui-même ? C'est une question impossible, mais c'est une sorte d'énigme que je me suis posée. Créer mes propres documents vivants. Une sorte de documentation DIY. »

 

En quelques films remarqués, Miko Revereza a commencé à répondre à cette énigme de manière sensible et personnelle. Né aux Philippines, il a émigré enfant aux États-Unis avec sa famille et y a vécu sans papiers jusqu’en 2019. Son film Distancing représente le moment où Revereza décide de quitter les États-Unis pour rejoindre Manille, avec la certitude de ne plus pouvoir revenir sur le territoire étatsunien où il a pourtant grandi.

 

L’énigme se matérialise ici par un jeu de proximité et de distance, de stase et de mouvement. La caméra va au plus près du visage de son grand-père alité, qu’il ne reverra sans doute plus, tandis que lors d’une discussion, sa grand-mère prend conscience que son petit-fils, contrairement à elle, ne prend pas de billet de retour. Le film rend compte de la sensation d’entre-deux propre aux exilé-e-s : parler sa langue maternelle, le tagalog, avec difficulté ; les lignes entremêlées des lieux de transit et un passeport sans visa. Il trouve aussi un ancrage symbolique dans une famille choisie de cinéma. « À peine partis, nous commencions déjà à rentrer chez nous, et nous ne cessons de rentrer chez nous. » La voix de Jonas Mekas qui parle de l’exil comme d’un infini voyage résume le geste de cinéma de Revereza : il n’avance jamais tout droit, et procède par contours, détours, retours en arrière et entrelacements poignants.

 

 

La programmation vidéo 2022 de la capsule 2 a été confiée à Faye Corthésy. Chercheuse en histoire du cinéma, Faye Corthésy termine une thèse de doctorat sur les enjeux de la circulation des films du cinéma expérimental américain en Europe et en Amérique du Sud dans les années 1960. Ses prochaines recherches portent sur les liens entre prison et cinéma. Elle enseigne à l’Université de Lausanne et à la HEAD de Genève et travaille ponctuellement comme programmatrice.

Horaires: 

24/7 depuis le passage des halles de l'île